wastewater 2020 v2 | www.euda.europa.eu (2024)

Analyse: résultats d’une étude multivilles européenne

Les conclusions du plus grand projet européen à ce jour dans la science émergente de l’analyse des eaux usées sont reprises dans cette section. Le projet a analysé les eaux usées dans environ 80 villes européennes (ci-après dénommées «villes») afin d’étudier les habitudes de consommation de drogues de ceux qui y vivent. Ses résultats forment un instantané riche d’enseignements sur les flux de drogues dans les villes en question et révèlent des variations géographiques marquées.

L’analyse des eaux usées est une discipline scientifique en plein essor qui pourrait permettre de suivre en temps réel des données sur les tendances géographiques et temporelles en matière de consommation de drogues illicites. Initialement utilisée dans les années1990 pour surveiller l’impact environnemental des rejets liquides des ménages, cette méthode sert depuis lors à estimer les niveaux de consommation de drogues illicites dans différentes villes (Daughton, 2001; van Nuijs et al., 2011; Zuccato et al., 2008). Elle consiste à échantillonner une source d’eaux usées, par exemple un flux transporté par le réseau d’égouts vers une station d’épuration. Les scientifiques peuvent ainsi estimer la quantité de drogues consommée dans une communauté en mesurant les concentrations de drogues illicites et de leurs métabolites excrétées dans l’urine (Zuccato et al., 2008).

Tester les eaux usées dans les villes européennes

En 2010, un réseau européen (Sewage analysis CORe group — Europe (SCORE)) a été mis en place dans le but de normaliser les approches utilisées pour l'analyse des eaux usées et de coordonner les études internationales par l'établissem*nt d'un protocole d'action commun (). La première activité du groupeSCORE fut la réalisation, en2011, d’une enquête à l’échelle de l’Europe menée dans 19villes européennes, qui a permis d’étudier pour la première fois les différences régionales au niveau de la consommation de drogues illicites en Europe à partir des eaux usées (Thomas e.a., 2012). Cette étude comprenait également le premier exercice d’interétalonnage pour l’évaluation de la qualité des données analytiques, et a permis une caractérisation exhaustive des grandes incertitudes de l’approche (Castiglioni e.a., 2014). À la suite du succès de cette étude initiale, des études comparables ont été entreprises au cours des années suivantes, couvrant 82 villes et 18 pays de l’Union européenne en 2020. Un protocole standard et un exercice commun de contrôle de la qualité ayant été appliqués sur tous les lieux étudiés, il a été possible de comparer directement les charges en drogues illicites en Europe sur une période d’une semaine pendant huitannées consécutives(van Nuijs et al., 2018). En raison de l’impact de la pandémie de COVID-19, pour la campagne de surveillance des eaux usées de 2020, des échantillons composites bruts sur 24 heures ont été collectés au cours d’une seule semaine entre mars et mai dans la plupart des villes, plutôt qu’au cours du mois de mars uniquement, comme c’est généralement le cas. Ces échantillons ont été analysés pour déceler les biomarqueurs urinaires (c.-à-d. les caractéristiques mesurables) de la drogue mère (c.-à-d. la substance primaire) pour l’amphétamine, la méthamphétamine et la MDMA. De plus, les échantillons ont été analysés pour trouver les principaux métabolites urinaires (substances produites lorsque l’organisme décompose les drogues) de la cocaïne et du cannabis, à savoir le benzoylecgonine (BE) et le THC-COOH (11-nor-9-carboxy-delta9-tétrahydrocannabinol).

Il a été constaté que le métabolite spécifique de l’héroïne, la 6-monoacetylmorphine, est instable dans les eaux usées. Par conséquent, la seule autre possibilité est d’utiliser la morphine, bien qu’il ne s’agisse pas d’un biomarqueur spécifique et qu’elle puisse également être excrétée à la suite d’un usage thérapeutique. C’est pourquoi il importe de recueillir les chiffres les plus précis concernant la consommation de morphine à partir de prescriptions et/ou rapports de ventes.

Modes de consommation des drogues illicites: variations géographiques et temporelles

Principales conclusions pour2020

Les conclusions du projet ont révélé des schémas géographiques et temporels distincts de consommation de drogue dans les villes européennes (voir Interactive: explorez les données de l’étude).

L’échantillonnage annuel des eaux usées SCORE présenté ici, provenant de 82 villes, a montré que, dans l’ensemble, les charges des différents stimulants détectés dans les eaux usées en 2020 variaient considérablement d’un endroit à l’autre de l’étude.

Les charges en BE observées dans les eaux usées indiquent que la consommation de cocaïne reste la plus élevée dans les villes d’Europe occidentale et méridionale, en particulier dans les villes de Belgique, des Pays-Bas et d’Espagne. Des niveaux très faibles ont été observés dans la majorité des villes d’Europe orientale, les données les plus récentes montrant certains signes d’augmentation.

Les charges d’amphétamine détectées dans les eaux usées variaient considérablement d’un endroit à l’autre, les niveaux les plus élevés ayant été signalés dans les villes du nord et de l’est de l’Europe, comme les années précédentes. Il a été constaté que l’usage d’amphétamine était bien plus faible dans les villes du sud de l’Europe.

En revanche, la consommation de méthamphétamine, généralement faible et traditionnellement concentrée en Tchéquie et en Slovaquie, était également présente à Chypre, à l’est de l’Allemagne, en Espagne et dans le nord de l’Europe. Les charges en méthamphétamine observées ailleurs étaient très faibles, voire négligeables.

Les charges de masse de MDMA les plus élevées ont été trouvées dans les eaux usées de villes de Belgique, d’Allemagne, des Pays-Bas et de Slovénie.

Les charges de masse les plus élevées du métabolite du cannabis (THC-COOH) ont été détectées dans les eaux usées de villes de Croatie, de France et des Pays-Bas.

Quatorze pays de l’UE participant à la campagne de suivi 2020 comptaient au moins deux sites d’étude (Autriche, Belgique, Chypre, Tchéquie, Allemagne, Finlande, Grèce, Italie, Lituanie, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Slovénie, Suède). L’étude a mis en évidence des différences entre ces villes au sein d’un même pays, qui peuvent s’expliquer en partie par les différentes caractéristiques sociales et démographiques des villes (universités, lieux de vie nocturne et répartition par âge de la population). Certaines de ces différences étaient liées à la pandémie. Dans la grande majorité des pays comptant plusieurs villes étudiées, les charges en BE, en méthamphétamine et en MDMA étaient plus élevées dans les grandes villes que dans les petites. Aucune différence de ce type n’a pu être détectée pour l’amphétamine et le cannabis (THC-COOH).

Outre les variations géographiques, l’analyse des eaux usées peut permettre de détecter les fluctuations hebdomadaires des modes de consommation de drogues illicites. Plus des trois quarts des villes affichent des charges en BE et en MDMA plus élevées dans les eaux usées pendant le week-end (du vendredi au lundi) qu’en semaine, bien qu’une grande partie de l’économie nocturne ait été fermée en Europe en 2020. En revanche, il a été constaté que la consommation d’amphétamine, de cannabis (THC-COOH) et de méthamphétamine était répartie plus uniformément sur l’ensemble de la semaine.

Trente-trois villes ont participé à au moins cinq des campagnes annuelles de surveillance des eaux usées depuis 2011. Cela permet d’analyser la tendance temporelle de la consommation de drogues en se basant sur l’analyse des eaux usées. Toute comparaison avec les années précédentes et entre les villes devrait tenir compte du fait qu’en 2020, des échantillons d’eaux usées ont pu être collectés lorsque des mesures de confinement locales étaient en place, ce qui a pu avoir une incidence à la fois sur la disponibilité des drogues et sur les habitudes de consommation de drogues.

Cannabis

Le cannabis est la drogue illicite la plus consommée en Europe, avec une estimation de 22,2 millions de consommateurs l’année dernière. La consommation de cannabis semble avoir été moins affectée durant les périodes de confinement liées à la pandémie, bien qu’il existe des différences entre les pays et au sein de ceux-ci. Données de l’enquête européenne en ligne sur les drogues: COVID-19 (EWSD-COVID) also indicated that, among respondents, cannabis use patterns remained relatively stable during the first lockdown period, with more than two fifths (42 %) of the cannabis users who participated in the survey reporting no change in their use of the drug compared with the pre-confinement period (EMCDDA, 2020).

Dans les eaux usées, la consommation de cannabis est estimée en mesurant son principal métabolite, le THC-COOH, qui est le seul biomarqueur approprié trouvé jusqu’à présent. Bien qu’il soit excrété dans un faible pourcentage et que des recherches supplémentaires soient encore nécessaires (Causanilles et al., 2017a), il est couramment utilisé pour rendre compte de la consommation de cannabis dans la littérature (Zucatto et al., 2016, Biljsma et al., 2020).

Les charges en THC-COOH observées dans les eaux usées indiquent que la consommation de cannabis était la plus élevée dans les villes d’Europe occidentale et méridionale, en particulier dans les villes de Croatie, de France, d’Espagne, des Pays-Bas et du Portugal. Les résultats des analyses des eaux usées n’indiquent pas de changements importants en 2020 par rapport aux données de 2019.

Carte des bulles montrant des charges relatives de métabolotie de cannabis dans les eaux usées. Les bulles les plus élevées apparaissent dans les villes d'Europe occidentale et méridionale, en particulier dans les villes de Croatie, de France, d'Espagne, des Pays-Bas et du Portugal.

Pour examiner les données, utilisez l’explorateur de données, également disponible sur cette page. Voir les données sources.

Cocaïne

Les charges en BE observées dans les eaux usées indiquent que la consommation de cocaïne reste la plus élevée dans les villes d’Europe occidentale et méridionale, en particulier dans les villes de Belgique, des Pays-Bas et d’Espagne. De très faibles concentrations ont été observées dans la majorité des villes d’Europe orientale, mais les données les plus récentes montrent des signes d’augmentation.

Carte des bulles montrant des charges relatives de métabolotie de cocaïne dans les eaux usées. Les plus grandes bulles apparaissent dans les villes d'Europe occidentale et méridionale, en particulier dans les villes de Belgique, des Pays-Bas et d'Espagne.

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En ce qui concerne la consommation de cocaïne entre2011 et2015, on observe une tendance relative à la stabilité. En2016 ont été observés les premiers signes que ce schéma était en train de changer, avec des augmentations observées dans la majorité des villes chaque année depuis lors. En 2020, les tendances ont divergé dans les villes participantes, avec de nouvelles augmentations de la consommation dans 19 des 49 villes disposant de données pour 2020 et 2019, et 16 villes faisant état d’une baisse. Une augmentation globale est observée pour l’ensemble des 10 villes disposant de données pour 2011 et 2020.

XXX

N.B.: Trends in mean daily amounts of benzoylecgonine in milligrams per 1 000 head of population in Antwerp Zuid (Belgium) Zagreb (Croatia), Paris Seine Centre (France), Milan (Italy), Eindhoven and Utrecht (Netherlands), Castellon and Santiago (Spain). Ces huit villes ont été sélectionnées en raison de la disponibilité de données annuelles de 2011 à 2020.

Dans la majorité des pays comptant plusieurs villes étudiées, les charges en BE (cocaïne) étaient plus élevées dans les grandes villes que dans les petites. Outre les variations géographiques, l’analyse des eaux usées peut permettre de détecter les fluctuations hebdomadaires des modes de consommation de drogues illicites. Plus des trois quarts des villes présentent des charges de BE plus élevées dans les eaux usées pendant le week-end (du vendredi au lundi) qu’en semaine, ce qui peut traduire un schéma de consommation plus récréative.

MDMA/ecstasy

Les charges de masse de MDMA les plus élevées ont été trouvées dans les eaux usées de villes de Belgique, d’Allemagne, des Pays-Bas et de Slovénie.

Bubble map showing relative MDMA residue loads in wastewater. Highest loads can be seen in cities in Belgium, Germany, the Netherlands and Slovenia

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Jusqu’à récemment, les études générales sur la population menées dans de nombreux pays montraient que la prévalence de la MDMA était en baisse par rapport aux pics observés au début et au milieu des années2000. Ces dernières années, toutefois, les résultats sont restés mitigés, sans tendance claire. Une prévalence plus élevée peut indiquer que la MDMA n’est plus une drogue de niche ou liée à une sous-culture; sa consommation ne se limite plus aux clubs et aux soirées électro, mais touche dorénavant un large éventail de jeunes gens dans des lieux de vie nocturne courants tels que les bars et les fêtes à domicile.

Si l’on examine les tendances à plus long terme de l’analyse des eaux usées, en 2020, dans sept des neuf villes disposant de données pour les charges en MDMA de 2011 et 2020, celles-ci étaient plus élevées qu’en 2011. De fortes augmentations ont été observées dans certaines villes, dont Amsterdam, Eindhoven et Anvers. Dans la plupart des cas, les charges ont augmenté entre 2011 et 2016 et ont ensuite fluctué. En 2020, peut-être en raison du fait que, dans la majorité des pays, la vie nocturne était largement fermée pendant de longues périodes, près de la moitié des villes (24 sur 49) ont fait état d’une baisse, 18 d’entre elles ayant signalé une augmentation.

Dans la grande majorité des pays, les charges en MDMA étaient généralement plus élevées dans les grandes villes que dans les petites. En outre, plus des trois quarts des villes présentaient des charges de MDMA plus élevées dans les eaux usées pendant le week-end (du vendredi au lundi) qu’en semaine, reflétant la consommation principalement récréative d’ecstasy, bien que l’économie de nuit ait été la plupart du temps fermée.

Amphétamine et méthamphétamine

L’amphétamine et la méthamphétamine sont deuxstimulants apparentés consommés en Europe, bien que l’amphétamine soit beaucoup plus consommée. La consommation de méthamphétamine est historiquement limitée à la Tchéquie et, plus récemment, à la Slovaquie, même si ces dernières années, d’autres pays ont connu des hausses de sa consommation.

Les charges en amphétamine détectées dans les eaux usées variaient considérablement selon les villes étudiées, les niveaux les plus élevés ayant été observés dans les villes du nord et de l’est de l’Europe. Il a été constaté que l’usage d’amphétamine était bien plus faible dans les villes du sud de l’Europe.

Carte des bulles montrant les charges relatives de résidus d'amphétamine dans les eaux usées. Les charges les plus élevées peuvent être observées dans les villes du nord et de l'est de l'Europe

Pour examiner les données, utilisez l’explorateur de données, également disponible sur cette page. Voir les données sources.

En revanche, la consommation de méthamphétamine, généralement faible et traditionnellement concentrée en Tchéquie et en Slovaquie, semble désormais également présente à Chypre, à l’est de l’Allemagne, en Espagne et dans plusieurs pays du nord de l’Europe (Danemark, Finlande, Lituanie, Norvège). Les charges en méthamphétamine observées ailleurs étaient très faibles, voire négligeables.

Carte des bulles montrant les charges relatives de résidus de méthamphétamine dans les eaux usées. Les charges les plus élevées sont observées en Tchéquie et en Slovaquie, à Chypre, à l’est de l’Allemagne, en Espagne et dans plusieurs pays d’Europe du Nord (Danemark, Finlande, Lituanie, Norvège)

Pour examiner les données, utilisez l’explorateur de données, également disponible sur cette page. Voir les données sources.

Dans l’ensemble, les données relatives à l’amphétamine et à la méthamphétamine issues des dix campagnes de surveillance n’ont révélé aucun changement majeur dans les modes généraux de consommation observés. En 2020, les données les plus récentes montrent que 20 des 48 villes disposant de données pour 2019 et 2020 ont signalé une augmentation pour l’amphétamine et 19 villes une diminution. En ce qui concerne la consommation de méthamphétamine, les données de 2020 montrent que 15 des 50 villes disposant de données pour 2019 et 2020 ont fait état d’une augmentation et 21 villes d’une diminution des charges constatées.

Trend graph. Peak values are at the extremes of the graph — in 2011 and 2019 and 2020. Values for years between 2012 and 2018 are considerably lower.

N.B.: Tendances des quantités quotidiennes moyennes de méthamphétamine en milligrammes pour 1 000 habitants à Anvers Sud (Belgique), Paris Seine Centre (France), et Milan (Italie), Castellón et Santiago (Espagne). Ces cinq villes ont été sélectionnées en raison de la disponibilité de données annuelles de 2011 à 2020.

En 2020, il a été constaté que la consommation d’amphétamine et de méthamphétamine était répartie plus uniformément sur l’ensemble de la semaine que les années précédentes, ce qui reflète peut-être le fait que la consommation de ces drogues est associée à une consommation plus régulière par une cohorte d’usagers à haut risque.

Comparaison avec les constatations d’autres outils de surveillance

Étant donné que l’analyse des eaux usées (consommation collective de substances au sein d’une communauté) et les outils d’observation reconnus, tels que les enquêtes de population (prévalence au cours du dernier mois ou de la dernière année), fournissent des types d’informations différents, il est difficile d’établir une comparaison directe des données. Toutefois, les tendances et les modes détectés par l’analyse des eaux usées correspondent largement – mais pas entièrement – aux analyses issues d’autres outils d’observation.

Par exemple, aussi bien les données relatives aux saisies que celles relatives aux eaux usées dressent le tableau d’un marché des stimulants géographiquement clivé en Europe. Selon ce schéma, la cocaïne est plus répandue dans le sud et l’ouest, tandis que les amphétamines sont plus courantes dans les pays d’Europe centrale et septentrionale (EMCDDA, 2017). Les données issues d’enquêtes de population sur la consommation de drogues fournissent également des résultats similaires. Si le schéma général détecté dans les eaux usées est conforme aux outils de surveillance établis, il existe quelques exceptions.

Les données des indicateurs établis montrent que la consommation de méthamphétamine a toujours été limitée à la Tchéquie, et plus récemment à la Slovaquie, bien que ces dernières années aient été marquées par une consommation accrue dans d’autres pays (OEDT, 2016a). Ces conclusions ont été confirmées par la récente épidémiologie basée sur les eaux usées, les charges en méthamphétamine les plus élevées ayant été observées dans des villes tchèques, slovaques, allemandes et finlandaises.

De même, les études basées sur l’usage de drogues auto-déclaré par les consommateurs et les données issues de l’analyse des eaux usées font apparaître des variations hebdomadaires similaires en matière d’usage, les stimulants tels que l’amphétamine et la cocaïne étant surtout consommés le week-end, lors d’événements musicaux et dans des contextes festifs (Tossmann et autres, 2001).

Un nombre limité, mais en constante augmentation, d’études sont publiées et comparent les estimations en matière de consommation de drogues obtenues grâce à l’analyse des eaux usées et celles obtenues grâce aux enquêtes épidémiologiques (EMCDDA, 2016b; van Wel et al., 2015). Alors qu’en 2012, une seule étude rapportée a tenté d’évaluer l’analyse des eaux usées parallèlement aux techniques épidémiologiques traditionnelles (Reid et al., 2012), ce nombre a maintenant considérablement augmenté ces dernières années.

Une première étude, menée à Oslo, en Norvège, et publiée en2012, a comparé les résultats obtenus à partir de troisensembles de données différents (une enquête de population générale, une enquête routière et une analyse des eaux usées) (Reid et al., 2012).

D’autres études comparent et comparent les estimations de la consommation de drogues illicites fondées sur les eaux usées avec d’autres sources de données, y compris les données autodéclarées (Been et al., 2015; Castiglioni et al., 2016; van Wel et al., 2016a), délits de consommation (Been et al., 2016a), saisies de drogues illicites (Baz-Lomba et al., 2016; Kankaanpää et al., 2014, 2016), purity of drug seizures (Bruno et al., 2018), syringe distribution estimates (Been et al., 2015), toxicological data (Kankaanpää et al., 2014, 2016) and the number of drug users in treatment (Krizman et al., 2016).

The majority of comparative studies have been carried out within European countries, including Belgium (van Wel et al., 2016a), Croatia (Krizman et al., 2016), Germany (Been et al., 2016a), Finland (Kankaanpää et al., 2014, 2016), Italy (Castiglioni et al., 2016), Spain (Bijlsma et al., 2018), Switzerland (Been et al., 2015; Been et al., 2016b), Turquie (Daglioglu, 2019), et dans tous les pays européens (Baz-Lomba et al., 2016; CastrignanEt al., 2018; Löve et al., 2018). Au-delà des frontières de l’Europe, des études publiées ces dernières années comparent les estimations fondées sur l’analyse des eaux usées avec d’autres sources de données en Chine (Du et al., 2015) en Australie (Tscharke et al., 2015) et dans des pays pour lesquels les données relatives à l’usage de drogue sont limitées en raison de contraintes budgétaires ou de l’absence d’outils d’observation (Archer et al., 2018; Moslah et al., 2018; Nguyen et al., 2018).

Ces exemples viennent confirmer l’avenir prometteur de l’épidémiologie basée sur l’analyse des eaux usées en tant qu’approche complémentaire pour obtenir une image plus précise et pondérée de la consommation de substances au sein des différentes communautés. L’analyse des eaux usées peut prédire les résultats des enquêtes de population et être utilisée comme un outil de «première alerte» dans le cadre de l’identification des nouvelles tendances en matière de consommation de drogue. Dans le but de vérifier la qualité et l’exactitude des données, il est tout de même nécessaire de réaliser de nouvelles comparaisons entre l’analyse des eaux usées et les données obtenues au moyen d’autres indicateurs.

Limites de cette méthode

L’analyse des eaux usées constitue une source intéressante de données complémentaires pour la surveillance des quantités de drogues illicites utilisées au niveau de la population, mais elle ne peut informer sur la prévalence et la fréquence de consommation, sur les principales catégories d’usagers ni sur la pureté des drogues. Des difficultés supplémentaires découlent des incertitudes liées au comportement des biomarqueurs sélectionnés dans les égouts, des différentes méthodes de rétrocalcul et des différentes approches pour estimer la taille de la population testée (Castiglioni et al., 2013, 2016; EMCDDA, 2016b; Lai et al., 2014). Les mises en garde à prendre en considération pour sélectionner les objectifs analytiques pour l’héroïne, par exemple, rendent le suivi de cette drogue dans les eaux usées plus compliqué que pour les autres substances (Been et al., 2015). De même, la pureté des produits vendus dans la rue fluctue de façon imprévisible dans le temps et selon le lieu. En outre, traduire les quantités totales consommées en un nombre correspondant de doses moyennes est compliqué, car les drogues peuvent s’administrer par différentes voies et en quantités très variables, et les niveaux de pureté fluctuent (Zuccato et al., 2008).

Des efforts sont actuellement déployés en vue d’améliorer les approches de contrôle des eaux usées. À titre d’exemple, des travaux ont été entrepris en vue de surmonter une source majeure d’incertitude liée à l’estimation du nombre de personnes présentes dans la zone de captage des égouts au moment de prélever les échantillons. Cela a supposé l’utilisation de données provenant d’appareils mobiles afin de mieux estimer la taille de la population dynamique concernant l’épidémiologie basée sur les eaux usées (Thomas et al., 2017).

Les nouvelles évolutions et l’avenir

L’épidémiologie basée sur les eaux usées s’est affirmée comme un outil important de surveillance de la consommation de drogues illicites, et de nouvelles pistes en matière d’analyse des eaux usées ont été examinées (EMCDDA, 2016b).

Premièrement, l’analyse des eaux usées a été proposée en tant qu’outil permettant de répondre à certains défis liés au marché dynamique des nouvelles substances psychoactives. Parmi ces défis figurent le nombre élevé de nouvelles substances psychoactives, la prévalence d’utilisation relativement faible et le fait que de nombreux consommateurs ne savent en réalité pas exactement quelles substances ils utilisent. Une technique a été créée pour identifier les nouvelles substances psychoactives. Elle consiste à collecter et à analyser des urines mises en commun à partir d’urinoirs individuels portables situés dans des boîtes de nuit, des centres-villes et des festivals de musique afin de disposer de données sur les nouvelles substances psychoactives consommées à un moment donné en un lieu donné (Archer et al., 2013a, 2013b, 2015; Causanilles et al., 2017b; Kinyua et al., 2016; Mackulak et al., 2019; Mardal et al., 2017; Reid et al., 2014). Le projet européen «NPS euronet» avait pour objectif d’améliorer la capacité d’identification et d’évaluation des nouvelles substances psychoactives utilisées en Europe. Le projet a appliqué des méthodes innovantes, analytiques, chimiques et épidémiologiques ainsi qu’une solide procédure d’évaluation des risques afin d’améliorer l’identification des nouvelles substances psychoactives, d’évaluer les risques et d’estimer l’ampleur et les habitudes de consommation au sein de groupes spécifiques (par exemple lors de festivals de musique) et de la population générale (Bade et al., 2017; González-Mariño et al., 2016).

Deuxièmement, outre l’estimation de la consommation de drogues illicites, l’épidémiologie basée sur les eaux usées a été appliquée avec succès ces dernières années pour fournir des informations détaillées sur la consommation et l’abus d’alcool (Boogaerts et al., 2016; Mastroianni et al., 2017; Rodríguez-Álvarez et al., 2015), tabac (Senta et al., 2015; van Wel et al., 2016b) et des médicaments dans une population spécifique (Baz-Lomba et al., 2016, 2017; Been et al., 2015; Krizman-Matasic et al., 2018). En outre, l’analyse des eaux usées peut éventuellement fournir des informations sur les indicateurs de santé et de maladie au sein d’une communauté (Kasprzyk-Hordern et al., 2014; Thomaidis et al., 2016; Yang et al., 2015).

Troisièmement, la possibilité d’utiliser l’épidémiologie basée sur les eaux usées en tant qu’instrument de mesure des résultats, en particulier dans le cadre de l’évaluation de l’efficacité des interventions ciblant l’offre (par exemple, actions répressives) ou la demande (par exemple, campagnes de santé publique) de drogues, n’a pas encore été pleinement étudiée. Une collaboration étroite entre les différents acteurs concernés, notamment les épidémiologistes, les spécialistes des eaux usées et les autorités judiciaires, est fortement recommandée afin de commencer à examiner ces applications potentielles de l’analyse des eaux usées (EMCDDA, 2016b). Le projet WATCH comprenait une campagne de surveillance de la production de drogues synthétiques de 30jours dans troisvilles en Belgique et aux Pays-Bas. Des concentrations élevées de MDMA ont été enregistrées au cours de toute la période de surveillance dans une ville des Pays-Bas, laissant penser à des rejets continus de MDMA non consommée de sources se trouvant au sein de la zone de captage des eaux usées, indiquant donc la production de drogues dans cette région.

Quatrièmement, par rétrocalcul des charges journalières en résidus cibles des eaux d’égouts, l’analyse des eaux usées peut fournir des estimations de la consommation totale, et des efforts ciblés sont maintenant déployés dans le but de déterminer les meilleures méthodes d’estimation de moyennes annuelles. En2016, l’EMCDDA a présenté pour la première fois des estimations relatives à la taille du marché des drogues illicites en termes de quantité et de valeur pour les principales substances consommées (EMCDDA et Europol, 2016). Les conclusions de l’analyse des eaux usées pourraient être utilisées pour approfondir les travaux menés dans ce domaine.

Enfin, de nouvelles méthodes, telles que l’établissem*nt d’un profil sur la base des énantiomères, ont été développées pour déterminer si les charges en drogues présentes dans les eaux usées proviennent d’une consommation ou de l’élimination des drogues non utilisées ou des déchets de production. Il est à présent important d’évaluer l’utilité potentielle de l’analyse des eaux usées pour l’établissem*nt de rapports sur la dynamique de l’offre de drogues, notamment sur la production de drogues synthétiques (Emke et al., 2014). Par exemple, le dysfonctionnement récent d’une petite station d’épuration aux Pays-Bas a été causé par des rejets directs dans le système d’égouts de déchets chimiques d’un site de production de drogues. D’autres analyses ont révélé le véritable processus de synthèse utilisé pour fabriquer les drogues correspondantes. L’étude a permis de confirmer que les déchets chimiques provenant de la fabrication illégale de stimulants auront une empreinte chimique spécifique qui peut être suivie dans les eaux usées et utilisée à des fins de police scientifique. Ces profils peuvent être utilisés pour déceler la production de drogues ou l’élimination de déchets de synthèse dans la zone de captage des eaux usées (Emke et al., 2018).

L’analyse des eaux usées a démontré son potentiel en tant que méthode complémentaire aux outils d’observation déjà en place dans le domaine des drogues. Elle présente des avantages évidents par rapport à d’autres approches, car elle n’est pas sujette aux biais liés au déclaratif et permet de mieux identifier tout le spectre des drogues consommées, les usagers étant souvent dans l’ignorance du réel mélange des substances qu’ils consomment. Cet outil permet en outre de fournir, au moment opportun et dans des délais courts, des informations sur les tendances géographiques et temporelles Dans le but de vérifier la qualité et l’exactitude des données, il est tout de même nécessaire de réaliser de nouvelles comparaisons entre l’analyse des eaux usées et les données obtenues au moyen d’autres indicateurs.

En tant que technique expérimentale, l’analyse des eaux usées a acquis le statut de nouvelle méthode dans la boîte à outils des épidémiologistes. Sa capacité à détecter rapidement les nouvelles tendances peut contribuer à cibler les programmes de santé publique et les initiatives politiques sur des groupes de personnes spécifiques et sur les différentes drogues qu’ils consomment.

Références

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Archer, J. R. H., Hudson, S., Wood, D. M. et Dargan, P. I. (2013b), «Analysis of urine from pooled urinals: A novel method for the detection of novel psychoactive substances», Current Drug Abuse Reviews 6(2), pp. 86–90.

Archer, J. R. H., Hudson, S., Jackson, O. (2015), «Analysis of anonymized pooled urine in nine UK cities: variation in classical recreational drug, novel psychoactive substance and anabolic steroid use», QJM, 108 (12), pp.929–933.

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